Col des Saisies (km 20)

Cormet de Roseland (km 57)

Col du Pt St-Bernard (km 109)

Col du Gd St-Bernard (km 197)

Col de la Forclaz (km 254)

Col des Montets (km 269)

Praz sur Arly


 


Document sans nom

Le jour J: Départ de Praz sur Arly

Lorsque le réveil sonne à 2 heures du matin, j’ai la surprise de me lever et surtout de me réveiller rapidement : est ce l’excitation ? En tout cas, je n’hésite pas dans mes premiers gestes pour préparer un petit déjeuner plutôt dense : les tranches de pain de mie trempées dans du lait sont avalées rapidement avec moult nutella et confiture : la chaudière se charge ! J’ai préparé tout le matériel la veille en particulier l’éclairage fixé sur le vélo : j’ai juste la surprise de le retrouver (car laissé dehors) tout trempé par la rosée : je pensais (Olivier aussi) qu’elle ne survenait qu’au lever du soleil. Je m’habille calmement, gonfle les pneus du vélo, ajuste le casque avec au dessous la frontale. J’ai prévu d’allumer cette dernière uniquement dans les descentes et de compter sur l’halogène seule pendant les montées. J’ai hésité à prendre cette dernière car les 5 piles AA alourdissent l’ensemble : en effet, je me suis rendu compte lors d’une sortie nocturne effectuée un mois plus tôt, qu’une lampe LED peut suffire pour rouler en montagne de nuit de pleine lune: en dirigeant le faisceau vers les pointillés blancs sur le côté droit de la route, on peut se repérer sans trop de difficultés.

3 heures du matin : c’est parti. Je referme la porte, le silence est total. J’apprendrai par la suite que Nathalie n’a pas dormi de la nuit, et qu’elle a entendu, inquiète, mes préparatifs de cette dernière heure. A écrire ces lignes, j’ai du mal à retranscrire le sentiment que j’ai lorsque je commence à descendre le chemin empierré qui mène du gîte à la route nationale. La (quasi) pleine lune de cette nuit du 20 juillet éclaire les montagnes : elle est rassurante cette lumière. Les premiers kilomètres sont faciles avec une descente vers le début de la montée des Saisies, j’en profite pour diriger au mieux la lampe halogène : surprise, le bruit dans le pédalier, horripilant, qui accompagnait chacune de mes sorties les semaines précédentes a disparu ! Le vélo glisse donc sans bruit sur le ruban goudronné. Il fait 10°C, les manches du maillot se supportent bien. Dans les lacets du col des Saisies, plusieurs voitures me doublent, c’est surprenant de trouver du monde à 4 heures du matin, au sommet une dizaine de campings cars somnolent sur le parking. Je regarde le polar 710 sur le guidon, 1h12mn : la tableau de marche prévoit 1h13 : le rythme prévu est respecté, j’appuie à peine, j’effleure les pédales, cela correspond d’après mes calculs à une puissance de 180 Watts environ. Gilles, me conseillait les semaines précédentes, de démarrer tout doucement. Il a raison. Façon de parler, je ne dois absolument pas donner un coup de pédale au début ! Comme prévu, j’allume la frontale pour la descente sans mettre le kway, il fait 7°C mais ça passe. Ou plutôt non : les piles de la frontale s’éteignent au bout de 20 minutes de descente ! Même neuves, la fraîcheur du matin les ont mis à plat. Heureusement que je n’ai pas commis l’erreur de ne pas prendre la lampe halogène : je me serai retrouvé à faire une descente complète simplement avec la lampe LED...

J’arrive à descendre à environ 30 de moyenne, en freinant quasiment en permanence. Même avec un super éclairage, la visibilité se limite à une dizaine de mètres dans une descente d’un col en pleine nuit. Normalement, je n’ai que la montée des Saisies et du Cormet à faire de nuit et seulement la descente des Saisies, j’arrive en bas, un peu grelottant, mais ça fait déjà un col dans la musette, le village de Beaufort est franchi, pas une âme debout à cette heure plus que matinale. Les premiers lacets du Cormet de Roselend se présentent déjà. J’avais escompté repérer ce col les jours précédents mais par manque de temps, cela n’a pu se réaliser : en effet, c’est un col que je ne connais pas, et lors du Tour de France 2005, les commentateurs soulignaient la difficulté de cette montée, de par sa longueur, presque 20 kilomètres et de ses passages à 9-10%. Comme dans les Saisies, je laisse glisser la chaîne sur le développement le plus petit : 30*25, il faut absolument que je ne laisse aucune force dans les 3 premiers cols : j’en aurais tellement besoin pour la suite ! Les premiers kilomètres (voir le profil ici) sont agréables, avec cette fraîcheur qui m’accompagne toujours : j’ai du mal à distinguer le paysage autour de moi, mais cela avance bien à 11-12 km/h, et plus le temps passe, plus je me rends compte que le col est moins difficile que je ne l’avais imaginé. Autre bonne nouvelle, la lueur du jour enveloppe déjà les massifs environnants. D’après mes calculs, le jour devait se lever vers 5h50, mais la lumière se faufile déjà par delà le défilé d’Entreroches. Au col de Méraillet où je débouche à 6 heures, une légère descente permet de baisser les pulsations. Je n’ai pas dépassé pour le moment les 150 pulsations par minute ce qui correspond à peu près à 80% de ma fréquence maximale. Le lac du Roseland n’a pas encore sa couleur si caractéristique, ce vert particulier. Il y’a une petite chapelle sur la droite puis après un large virage, la pente reprend mais cette deuxième partie de l’ascension est plus facile, le paysage change désormais, avec la disparition des arbres et de plus en plus de gros rochers autour de la route. Les derniers lacets s’achèvent et j’aperçois la voiture de Gilles au sommet. Il m’a vu lui aussi apparaître en contrebas. Le premier ravitaillement va avoir lieu. Il me raconte qu’il a très mal dormi dans sa voiture, le froid l’a réveillé vers 2 heures du matin et il a veillé jusqu’à maintenant! La température n’est que de 5°C, moi je n’ai pas froid, mais le pauvre a dû plus que légèrement frissonner... Il est 6h33 exactement soit 6 minutes de retard, le temps que j’ai perdu dans la descente de nuit du col des Saisies. Je m’assois par terre, le vélo à côté et Gilles me passe les premières denrées. Il est prévu qu’à chaque arrêt il me change les 2 bidonsSaisiesCormet

Lors du passage du col des Saisies et du Cormet de Roseland (en orange les températures relevées aux sommets et aux bas des cols)

d’1/2 litre du vélo, que je me remplisse les poches et que je dévore un sandwich, le tout en moins de 5 minutes, pause pipi comprise ! Allez hop c’est reparti, cette fois-ci j’enfile mon K-Way et je lui cède tout mon éclairage qui m’est inutile désormais, il fait bien jour désormais. La descente s’engage, Gilles me double en trombe, il file vers Bourg-Saint Maurice pour se réchauffer. Je ne suis pas très à l’aise dans la descente, le froid y est pour une part, mais la lecture d’un article quelques semaines auparavant dans Vélo Magazine sur la présentation du Tour 2005 me fait craindre les lacets qui se présentent régulièrement. Cet article parlait d’un virage où plusieurs chutes ont eu lieu dans le passé. Je me décontracte complètement lorsque je passe ce que je crois être le virage traître, un endroit où la route tourne sur la gauche assez brusquement et où le parapet semble si petit... Bourg-Saint Maurice se réveille et déjà la circulation est importante. Il est 7h06 (+3mn par rapport à l’horaire prévu), un peu de retard a été comblé dans la descente. A la sortie de la ville, arrêt pour enlever le K-Way et à nouveau faire un petit besoin. Je bois beaucoup, peut être un peu trop mais tant pis, il vaut mieux être prudent.

Suite: De Bourg St-Maurice à Aoste