Col des Saisies (km 20)

Cormet de Roseland (km 57)

Col du Pt St-Bernard (km 109)

Col du Gd St-Bernard (km 197)

Col de la Forclaz (km 254)

Col des Montets (km 269)

Praz sur Arly


 


Document sans nom

D'Aoste à Martigny

J’arrive dans la capitale régionale vers 11 heures, et nous avons convenu avec Gilles de nous retrouver à la sortie d’Aoste au pied des 34 kilomètres menant au 4ème col de la journée, le Grand Saint Bernard. Il m’annonce qu’il n’a pas eu le temps de s’acheter à manger et a dû rouler à toute allure pour être au rendez vous dans les temps ! Malgré tout, je peux à nouveau compter sur ses deux nouveaux bidons pleins qu’il a pris soin de remplir quelque part dans la descente. Les 5 minutes écoulées, j’aborde donc ce col que je connais comme le précédent pour les avoir fait lors d’un précédent tour du Mont Blanc, effectué en septembre 93 avec un ami, David, mais sur 3 jours. Je me souviens d’une très longue montée. Le début ressemble pourtant au col du Petit Saint Bernard, roulant et régulier. Mais c’est là, le piège du col Italo-Suisse, c’est qu’insensiblement, presque sournoisement, le pourcentage augmente au fil du temps. La première partie jusqu’à Etroubles est à 4-6% de moyenne mais au bout d’une petite demie heure, je me surprends à bouger des épaules, signe que je butte sur la pente avec un braquet trop important, je réagis immédiatement en diminuant le braquet de 30*21 à 30*23, et je me dis qu’il faut que je fasse attention au moindre signe avant coureur de fatigue, comme celui qui vient de se produire. Avec Gilles, nous ne nous sommes pas encore mis d’accord sur le lieu de la pause principale de la journée (40mn généreusement budgetée) et nous nous sommes données rendez vous à Etroubles pour voir si nous nous arrêtons la ou pas : petit stress en arrivant à l’entrée, impossible de trouver Gilles. En fait le village est tout en longueur et la route principale contourne une partie du bourg. Je m’interroge si je n’ai pas dépassé Gilles, dois je faire demi tour ? Son portable ne répond pas. Finalement, il me rappelle pour me dire qu’il est plus loin. Ouf, on se retrouve et je lui dis que je veux avancer au maximum, le lunch sera pour St Rhémy, petit village à 12 kilomètres du sommet. Au sortir d’Etroubles, la route se braque à 10%, retour au 30*25, le plus petit développement. La route se divise alors en deux, l’une passant par le tunnel du Grand Saint Bernard, l’autre la S27, par St Rhémy où je retrouve Gilles. C’est vraiment un tout petit village. Heureusement que nous avions prévu la veille de préparer le repas de midi et de ne pas compter sur un restaurant dans le coin... En descendant de vélo, la fatigue se fait alors enfin ressentir, le manque de sommeil est là, pesant. Le repas a un peu du mal à passer, pourtant j’avais pris soin de préparer des aliments digestes mais surtout appétissants. La diététique, peut selon moi, passer alors complètement en arrière plan ! En regardant l’horaire, je m’aperçois que j’ai pris du retard et je décide de réduire la pause 40 à 30 minutes. Avec du recul, cette décision parait un peu illusoire, mais sur le coup, je tiens vraiment à respecter le tableau de marche le plus longtemps possible. J’ai vraiment envie alors d’un café, un peu assommé par la chaleur qui s’installe en cette mi journée.

GrandSaintBernard

Le Grand Saint Bernard, à noter la cadence de pédalage en vert qui ne cesse de baisser (signe de fatigue)

Les premiers hectomètres de la dernière partie du col sont délicats : il fait chaud, l’estomac est un peu chargé, la pente est désormais plus rude, tout concours à faire gamberger. Le Grand St Bernard révèle alors sa difficulté : les 11 derniers kilomètres sont à 7,5% de moyenne et surtout à flanc de montagne, on aperçoit les lacets. On trouve alors que le sommet du col est bien loin. C’est un leurre. Il est très loin. En effet, arrivé à ce que l’on croit être le sommet, un deuxième flanc de montagne quasi identique au précédent apparaît alors pour les derniers kilomètres, réellement interminables ! Des semaines auparavant, en évaluant la difficulté des différents cols, je pense avoir alors sous estimé ce géant (2h52mn pour en venir à bout), pensant que le plus dur serait dans les pourcentages du col de la Forclaz. C’est pourtant dans le Grand Saint Bernard que le moral a commencé à jouer au yoyo, que la sort de la partie a tangué. Même si le physique répond alors présent, je ne peux m’empêcher de passer que la journée va être longue, très longue. Je finis en 30*25, et au sommet, je demandes à Gilles de me dire si j’ai les joues creusées, connaissant déjà la réponse. C’est un réconfort de le voir à chaque fois là, sur le bord de la route, à me tendre les bidons, et le sac contenant à peu près 3 tonnes de sucreries en tout genre (plusieurs mois après, il y’en a encore dans un tiroir de ma cuisine et en tombant sur l’une de ces barres de céréales, je repense à cette journée et me dit qu’elle n’ont pas connu le sort de leurs copines : englouties). Un grand merci de m’avoir accompagné, j’ai toujours su que je pouvais compter sur lui ce jour là. Le sommet du col du Grand Saint Bernard est particulier : il est plat. Et c’est l’une des rares parties planes de ce tour du Mont Blanc, en plus lors du point culminant à 2469 mètres. Il est aux environs de 14h30 lorsque la (très) longue descente s’ouvre à moi, pour ce que j’espère être une véritable régénération. En effet, je mise beaucoup sur les 43 kilomètres (!) de roue libre pour arriver dans un meilleur état au pied du col de la Forclaz pour ce que je croyais être LA grosse difficulté de la journée. Après 5200m de dénivelée et 240 kms parcourus, franchir un col de 13 kms à 8% à 3 heures de l’après midi, et donc peut être en plein soleil, c’était pour moi, une incursion en " terras incognitas ", vaguement inquiétante mais à vrai dire assez excitante. Cette descente, classique dans un premier temps avec ses lacets, devient ensuite une longue ligne droite, en grande partie dans des tunnels, où l’on croise des camions énormes pétaradants et des cyclos qui se blotissent à leurs passages, courageux qui affrontent cette route sans fin. Pour moi, en revanche, pas un coup de frein pendant de longues minutes et le compteur bloqué à 50 de moyenne : les accus se sont sûrement rechargés pendant cette longue chute libre depuis le sommet où je ne cesse de m’alimenter. Juste avant d’arriver à Martigny, le compteur Polar m’annonce même des 115 kmh/h et des pulsations cardiaques à 230 ! Heureusement, ce ne sont que des interférences causées au compteur Polar par les lignes électriques d’un chemin de fer suisse qui longe la route.

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